Cet article est la traduction d’une interview d’Andrzej Sapkowski par lithub.com que vous pouvez consulter en V. O. par ICI

 

Andrzej Sapkowski a répondu aux questions de Lithub.com sur la mythologie du Sorceleur dont vous pouvez dévorer les livres chez nous et qui a été adaptée en jeux vidéos, et en série.

Sa dernière sortie en France, La Route d’où l’on ne revient pas et autres récits que vous pouvez dès à présent retrouver en librairie (et par ICI) commence d’ailleurs par une nouvelle préquelle qui dévoile un pan inexploré de l’histoire de Geralt. 

Il est aussi l’auteur d’une série historique avec une pincée de fantastique appelée La Trilogie Hussite dont l’intrigue se situe pendant les Guerres de Bohême qui ont secoué l’Europe au tournant du XVe siècle. 

 

Lit Hub :  De quelles mythologies vous êtes-vous inspiré pour créer le monde du Sorceleur ?

Andrzej Sapkowski : Il serait plus simple de nommer les mythologies et les cultures dont je ne me suis PAS servi comme inspiration. Pour n’en citer que quelques-unes - il y a de la mythologie slave : les vampires, les leshens, les kikimorrhe, les vodayanoys. Il y a la chasse sauvage germanique. La bruxa portugaise. La goule arabique. Les kilmoulis écossais. Il y a les dryades des mythes grecs. Les gnomes de Paracelse. La kitsune japonaise (une femme renard). Il y a la petite sirène d’Hans Christian Andersen. On a aussi Blanche-Neige des frères Grimm. La Belle et la Bête de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont. Les elfes et les nains que l’on pourrait qualifier de tolkieniens. On peut dire que c’est un cocktail assez éclectique. Mais c’est le modus operandi que j’ai adopté.

LH : A quel moment de la journée écrivez-vous ? 

AS : Le matin. Si on est d’accord pour dire qu’à 11h c’est encore le matin. Et pourquoi cela ? Parce que ça convient à mon style de vie. 

LH : Comment affrontez-vous le syndrome de la page blanche ? 

AS : Le syndrome de la page blanche, c’est surfait. L’expression a été inventée et popularisée par des écrivains paresseux qui ne voulaient pas vraiment écrire et qui avaient besoin d’une excuse à servir aux agents et aux éditeurs. Mais la vérité c’est qu’il y a toujours de quoi faire quand on travaille sur un livre, même si on n’a pas l’envie d’écrire.  On peut corriger ce qui a déjà été écrit ; un peu de correction ne fait jamais de mal. On peut faire des recherches, étudier les sources. On peut lire les livres de la concurrence - pas pour voler des idées, mais pour se familiariser avec les tendances du moment et identifier le bon chemin pour se retrouver à leurs côtés.  

LH : Quels sont les livres vers lesquels vous revenez continuellement ? 

AS : Quand j’étais un petit garçon, c’était Winnie l’Ourson de A. A. Milne. Quand j’étais adolescent, les romans d’Alexandre Dumas père : Les Trois Mousquetaires, etc. Et tout Jules Verne. Quand je suis devenu étudiant : Lem et Tolkien. Plus tard, il y a eu Umberto Eco et Arturo Pérez-Reverte. Et après, il n’y a plus eu de livres vers lesquels j’ai ressenti le besoin de revenir continuellement. Lire un livre une seule fois suffisait. Et c’est encore comme cela aujourd’hui. 

LH : Si vous deviez choisir une œuvre culturelle qui ne serait pas un livre - film, série, chanson - sans laquelle vous ne pourriez imaginer la vie, laquelle serait-ce ?

AS : Qui ne soit pas un livre ? Ce serait très probablement le whisky.

LH : Quel est le meilleur conseil d’écriture qu’on vous a donné ? 

AS : Je n’ai jamais reçu de conseil qui m’ait été utile. Peut-être parce que je n’en ai jamais demandé à personne. Certains ont bien sûr tenté de me conseiller, mais leurs conseils étaient stupides, donc je les ai ignorés. Il y a aussi d’autres personnes que j’aurais écoutées, et dont j’attendais les recommandations. Mais elles sont restées silencieuses. 

LH : Quel a été le premier livre dont vous êtes tombé amoureux ?

AS : D’abord il y a eu Winnie l’Ourson de A. A. Milne. J’avais sept ans quand c’est arrivé. Un peu plus tard, c'était Winnetou par Karl May, et au même moment, Le Dernier des Mohicans de James Fenimore Cooper. Et pourquoi ? Qui sait ? Votre question porte sur l’amour. Mais est-ce qu’on sait pourquoi on tombe amoureux ? Et quand bien même, est-ce qu’on serait capable de le mettre en mots ? 

LH : Nommez un classique que vous vous sentez coupable de n’avoir jamais lu ?  

AS : Je dois avouer qu’il y a plusieurs classiques - peut-être même des dizaines - qui m’ont tellement ennuyé que je n’ai jamais pu les terminer. Je les ai posés sur une étagère, à un endroit bien visible, pour que tout le monde puisse voir que je les ai. J’irai même plus loin - on y trouve des classiques de mes genres : la SF et la Fantasy. Mais est-ce que je me sens coupable d’avoir fait cela ? Absolument pas. Après tout, ils m’ont ennuyé -  donc c’est plutôt eux qui sont coupables. CQFD.

LH : Y a-t-il un livre que vous auriez aimé écrire ?

AS : Eh bien, la Bible - si on s’en réfère au nombre d'éditions et de traductions en langues étrangères. Mais plus sérieusement : Le Nom de la Rose. C’est un roman incroyablement sage, incroyablement captivant et superbement écrit. Une combinaison rare.

 

Illustrations des blasons dans la bannière par Didier Graffet

Interview traduite par Paul Herbert

 

- La Route d'où l'on ne revient pas et autres récits d'Andrzej Sapkowski est disponible par ICI  

- Le Dernier Voeu, le tome 1 du Sorceleur par Andrzej Sapkowski est disponible par ICI

- La Tour des Fous, le tome 1 de La Trilogie Hussite d’Andrzej Sapkowski par ICI

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